Mon ami Patrice m'a quitté.... mais cela n’est pas un adieu,
car on dit adieu seulement à ceux que l’on oublie
Après la perte de mon ami Michaël le premier jour d'automne l'année passée,
c’est Patrice qui nous quitte aux premières heures du printemps.
Tous les deux avaient suivi des stages de pêche à la mouche en Cévennes
et ensemble
nous avons vécu de franches parties de rires sur les berges de la Jonte.
Que de vrais et beaux souvenirs !
Tous deux avaient des projets plein la tête
et ils laissent un
grand vide derrière eux.
Je pense à vous, proches et amis.
Quelle injustice !
Je me souviens des "repas copains" avec Stéphane,
Du verre de l'amitié devant un DVD... de pêche !
D'un vélo de course définitivement raccroché au clou dans son garage,
Des chansons à boire sur son bateau à la Grande Motte,
Des accords pincés sur une guitare qui méritait mieux que son bon vouloir,
De sa nouvelle caravane prête au départ pour découvrir de nouveaux horizons,
Des projets plein la tête malgré ses graves accidents de santé,
D'un moral d'acier à tout épreuve et l'envie de tout savoir,
de tout connaître, d'apprendre plus, toujours et encore.
Je pense à son épouse et à ses filles pour lesquelles
il était toujours disponible,
papy heureux de veiller sur ses petits enfants...
C'est pourquoi, souvent au téléphone, il s’excusait de
ne pas être libre,
mais me disait-il:
« tu comprends, je garde le petit...
nous irons la semaine prochaine »
Alors il blaguait sur les jours qui passent si vite et dont il voulait profiter à plein temps
« mon pauvre Daniel, profite, qui sait où nous serons demain »
Alors nous allions à la pêche, poser notre vécu et nos souvenirs
sur les berges du Gardon à Ners,
du Vidourle à Sommières
ou sur la plage du Grau du Roi quand l’air de la mer lui manquait trop.
Lorsque le poisson boudait son appât il s’esclaffait et
lançait une blague à destination de la gente halieutique
"si vous ne voulez pas de mon appât, je vais vous planter un billet de 5 euros
à l’hameçon et vous irez chercher ce qu’il vous plaît chez Pêchevasion".
Et si la pêche était franchement mauvaise il nous passait du baume
au coeur pour relativiser la défaite:
« et encore une casquette en tôle pour la veuve du militaire qui gagne un escabeau »
lançait-il à la cantonade, les yeux rieurs, malicieux.
Alors je partageais aussitôt sa bonne humeur communicative.
"tu ris comme une poule qui aurait trouvé une fourchette"
me disait-il souvent. Lui seul savait ce que cela voulait dire vraiment,
mais nous partagions ce hiatus, tous deux complices.
Sacré Patrice tu vas me manquer, et je ne suis pas le seul.
Depuis le « moulin à farines » de notre première sortie au village des "Douzes"
jusqu’à cette pêche à l'anglaise à l'étang d'Attuech et notre équipée à Port Camargue
j’ai toujours apprécié ton désir insatiable d’être présent et si bien dans ta peau.
Mon ami Patrice m'a quitté.... mais cela n’est pas un adieu,
Non, c’est un « au revoir Patrice » car tu seras toujours présent
ne serait-ce que pour vaincre l'odieuse injustice de l’absence.
Ton ami, sincère, Daniel